Que l’on t’appelle Covid-19 ou Coronavirus, tu n’es que cette minuscule particule moléculaire invisible à l’œil nu. Tu as mis en ébullition le climat social et économique de la quasi-totalité des pays du monde, soit environ 180 pays sur les cinq continents. Ce que nous savons de toi pour le moment, c’est que tu as fait éruption à partir de la ville chinoise de Wuhan et tu t’es propagé du nord au sud, sans visa ni autorisation. Ton mode de dissémination est d’une rapidité fulgurante, faisant de toi un monstre hors du commun. Tes foyers de contaminations se multiplient d’un bout à l’autre à travers le monde, comme une épave de poudre, laissant partout sur ton passage des douleurs et de l’Asie à l’Europe puis à l’Amérique, sans épargner l’Afrique, à chacune de tes étapes, tu t’imposes en roi qui dicte sa loi. La Chine, qui fut ta première victime, a été déboussolée et prise dans de nombreux pièges, au point de perdre la sérénité au sommet de la commande. Le corps soignant, en face d’une pathologie nouvelle peu connue de l’encyclopédie médicale, s’est heurté à des difficultés d’actes à administrer. Une situation qui a vite créé un engorgement au niveau des hôpitaux surchargés et désemparés. Dr Li Wenliang, le premier médecin ayant sonné l’alerte a été vite contrarié par l’autoritarisme connu de ce géant de l’Asie, réduisant au silence une voix si héroïque.

Comme dans ses pratiques de gestion orthodoxe peu démocratique, la puissante Chine s’est bien emmêlée dans ses stratégies qui ont fini de révéler les limites de sa gouvernance et surtout, de son système santé qui, par ailleurs, était considéré parmi les performants au monde, au regard de son dispositif technique et son potentiel économique de grandes capacités.

En Europe, l’Italie est l’un des premiers pays qui a enregistré son premier cas et provenant de la Chine. Ce pays qui luttait contre le virus pour éviter sa large diffusion dans son territoire et au-delà de ses frontières, a mené un combat solitaire. Le reste des pays européens considérait la situation comme une affaire intra-territoriale, donc toute intervention devenait une ingérence dans les affaires intérieures d’un pays souverain. Les appels à la solidarité aux pairs n’ont été suivis que de peu d’effet, au point que la situation a été hors contrôle très rapidement. Le système sanitaire a été vite dépassé et le virus s’est propagé sur le reste du territoire et de la communauté, embrasant du coup toute l’espace européenne. Dans chacun de ces pays les victimes se comptent par milliers, faisant de la communauté européenne l’épicentre de la maladie avec un bilan humain particulièrement lourd.

Quant aux Etats-Unis d’Amérique, l’apparition des premiers cas identifiés remonte au courant du mois de Janvier 2020. Les autorités, sereines et très confiantes en leurs capacités à faire face à toute sorte de menace, quelle qu’elle soit, n’ont accordé aucune considération sérieuse à la situation qui empirait de jour en jour. Le géant du monde, imbu de sa folie de grandeur et de sa logique capitaliste-néolibérale n’a pas été convaincu de l’ampleur des cas pouvant être source d’inquiétude et donc, aucune nécessité pour lui d’organiser une stratégie particulière de riposte.

Des semaines durant, ces autorités ont sous-estimé et sacrifié les conséquences sanitaires et humaines sur l’autel des intérêts économique et matériel, donnant ainsi le temps à la maladie d’essaimer à travers les états, menaçant la quiétude des populations. Dans la capitale DC, les cas graves se comptent par milliers et le système sanitaire est sous pression, rendant les conditions de prise en charge aléatoires. Face aux escalades et aux pertes considérables en vies humaines, la panique s’empare de l’homme le plus fort du monde qui déploie toute son imagination et ses énergies pour trouver des réponses efficientes et durables qui, malheureusement, tardent aujourd’hui encore.

L’avènement de la Covid-19 dans le monde sonne comme une cloche qui retentit et nous rappelle ce que beaucoup savaient déjà: «tous les hommes naissent égaux devant la loi». La nature ne faisant pas de distinguo, la furie du Coronavirus et de ses corollaires frappe sans discrimination, encore moins de favoritisme. Dans son parcours funeste, il n’épargne ni riche ni pauvre, ni faible ni fort, comme pour faire passer un message : la force et la puissance sont du ressort du Divin. Sur cette planète terre, elles ne sont le monopole de quiconque. C’est pourquoi, en cette période du 21ème siècle marqué par toutes sortes de révolutions scientifiques, technologiques et numériques, ce micro-virus a osé taquiner, impunément, même ceux-là considérés comme intouchables de par la puissance de leurs moyens économiques, de leur arsenal militaire, de leurs matériel et infrastructures sanitaires de haut plateau technique utilisés très souvent comme un bouclier imprenable, contre tout phénomène naturel et pour leur propre confort.

Contre toute attente, ceux-là mêmes qui se montrent dominateurs et «Grands maîtres » de ce monde, par le mirage de la force artificielle, se heurtent à la farouche résistance du virus qui se fait remarquer par ses capacités de nuisance défiant tous les systèmes de santé et restant jusque- là une équation à résoudre, en l’absence de solution thérapeutique appropriée.

Avec toi Coronavirus, nous faisons surtout une découverte de taille : que l’essentiel des systèmes des pays dits développés ne sont, en réalité, que des systèmes étranglés par des forces obscures de firmes internationales et pharmaco-financières qui se battent pour le partage et la domination du monde. Autrement, on aurait du mal à comprendre que la France et les Etats- Unis éprouvent des difficultés à s’approvisionner en masques, au point de se disputer un marché de la Chine fraichement sortie d’une crise. Puisse une ère de profonde mutation s’ouvrir à l’Afrique!

Après que tu aies osé défier autant la Chine que l’Europe et mis en grande difficulté la puissance de l’Amérique, le prolongement de ton expédition macabre fait cap sur le continent africain.

Au même moment, cette partie du monde est plus que jamais essoufflée par tant d’intempéries, d’aléas et de désastres survenus bien avant toi. Elle s’est battue et continue de se battre âprement contre la tuberculose, le choléra, l’Ebola, le paludisme, pour ne citer que ceux-là. Ce lourd vécu d’événements douloureux et traumatisants lui procure une somme d’expériences qui servent de jurisprudence pour mieux organiser les moyens de riposte et circonscrire les méfaits sans grand dommage. Ainsi, pendant que les grandes puissances sont frappées au cœur même de leurs dispositifs par un virus peu connu, les pays d’Afrique étaient en observance. Les nombreuses leçons apprises et retenues ont été des référentiels qui, à notre avis, justifient en partie le bon comportement jusque-là affiché face à la pandémie. Ils ont bonifié du temps d’observation et d’assez de recul pour apprécier la contagiosité du virus et la manière à organiser les moyens de riposte, au regard de la fragilité des infrastructures en place.

D’un autre point de vue, la situation du continent africain a suscité des inquiétudes de la part de la communauté internationale. En ce sens, un écho retentissant de la sonnette d’alarme lancée par les plus alarmistes prédisait une hécatombe sur le continent. Selon ces prévisions, la maladie de la Covid-19 entrainera en Afrique des millions de pertes en vies humaines et le continent va connaitre un désastre économique sans précédent dans son histoire. En considération de tous ces facteurs, les dirigeants des pays ont mis en place des cellules de veille pour une surveillance épidémiologique. Ces dispositions d’avant-garde ont permis au continent africain de mettre en application rapide des plans de riposte et de prise en charge des malades dès l’apparition des premiers cas.

Dès lors, de l’Afrique du sud à l’Algérie, en passant par la RDC, la Cote d’ivoire et le Sénégal, des décisions historiques audacieuses ont été prises. Celles-ci vont de la fermeture des frontières aériennes et terrestres pour permettre un meilleur contrôle de l’espace national à l’application stricte des mesures barrières. Selon un décompte établi par le Centre africain de prévention et de lutte contre les maladies, de l’Union africaine, trente-deux (32) pays au total ont pris ce type de mesure aussitôt.

Sur le plan médical, les conditions de gestion et de prise en charge de la maladie ont été de part et d’autre sans grand reproche. Les autorités en charge de la question déploient des efforts soutenus, notamment en termes de transparence dans la gestion et le partage de l’information. Au niveau des structures de soins dédiées, l’on affiche un comportement appréciable que l’on se réjouit de souligner et de saluer l’engagement patriotique du personnel médical qui, en dépit des contingences, n’a cédé ni à l’épuisement, ni à la psychose.

Sur la production de connaissance, de notre humble point de vue, des pays comme le Madagascar et le Sénégal ont brillé par la qualité de leurs propositions, au nom de l’Afrique. Le premier a déclaré avoir enregistré avec son produit Covid-Organics à base de plante médicinale, des résultats satisfaisants. Selon les autorités malgaches, le médicament a prouvé son efficacité aussi bien pour la prévention que pour le traitement curatif. Ce médicament est le résultat d’un travail collaboratif et de découverte d’éminents chercheurs de l’institut malgache de recherches appliquées (IMRA), en relation avec la longue tradition de l’Afrique des usages de la médecine traditionnelle et de tradi-praticiens pour la satisfaction des besoins de soins des populations. Ainsi, voulant traduire sa joie du travail collaboratif de son institut de recherche, le président du Madagascar s’est montré ouvert au partage des acquis avec tous les pays qui en exprimeront le besoin, à titre de contribution à la lutte contre la pandémie. A travers les pays, l’appel a fait écho au niveau de toute l’Afrique qui l’a salué et apprécié comme un geste de haute générosité et de solidarité. Quant au Sénégal pour sa part, il a, dès le début, opté pour l’Hydroxy chloroquine comme mode de prise en charge des malades, malgré le débat agité sur les effets de la molécule déjà bien connue des spécialistes du pays en charge des maladies infectieuses. Ce sont d’illustres et éminents professeurs ayant, par leurs contributions et connaissances scientifiques, prouvé toutes leurs compétences universitaires et leurs parts contributives à la production du savoir scientifique sur le plan international et la qualité de l’offre de soins qui justifie encore le contrôle de la maladie et le taux de mortalité maitrisé. L’Afrique, un ensemble situé de part et d’autre de l’équateur, est donc ce continent qui porte en lui-même un espoir de par sa position, à la croisée entre les continents et les opportunités qu’il présente. Elle est aujourd’hui l’une des rares parties de ce monde qui dispose le plus d’importantes terres arables propices à l’agriculture. Son sous-sol regorge d’immenses ressources naturelles diversement réparties sur ses états. Sa population est jeune, avec un âge médian de 17 ans tandis que la médiane mondiale est de 23 ans. Les 45 % des Africains ont moins de 15 ans contre 21 % de la population dans l’OCDE et 30 % dans le monde. Les plus de 65 ans ne représentent que 3 % de la population contre 13 % dans le reste du monde. Cette importante frange de jeunes offre de nombreux avantages pour le développement du continent. C’est un capital essentiel de mains d’œuvre à bon marché et jouissant de conditions physiques de résilience face aux aléas, aux intempéries et à l’avant-garde des luttes présentes et futures, comparée aux autres parties du monde. Cependant, au regard de ce que l’Afrique pourrait apporter au reste du monde, une analyse objective de la réalité renseigne que les performances réalisées ne sont pas encore à la hauteur des espoirs placés en elle, car elle tire très peu de profit de ses nombreux atouts.
Alors, vivement qu’un vent nouveau vienne souffler sur le continent et l’engager dans une dynamique de changement, à la lumière des contingences pouvant naitre de l’appréciation intelligente des interactions intracontinentales. La crise généralisée résultant de cette pandémie de Covid-19 révèle la grande fragilité de chaque pays pris isolément. Dès lors, le besoin de solidarité s’imposent comme un impératif qui engage le monde dans une direction nouvelle. Celle-ci doit se construire sur les fondements d’une coopération et de respect mutuel entre peuples, pays, régions et continents. Aucune raison ne peut désormais, au nom des principes d’égale dignité pour tous les citoyens du monde, justifier la persistance de rapports d’injustice et d’inégalité sur des bases imposées à partir de privilèges. Que le Tout-puissant nous préserve des prédictions de millions de pertes en vie humaines, des annonces apocalyptiques qui relèvent de l’imagination fertile de certains et dont l’Afrique est pour le moment préservée. En conséquence, elle doit se ressaisir, conquérir sa place et ne tolérer aucune faille devant servir de voie d’intrusion pour les cartels financiers qui tentent vaille que vaille de contrarier les initiatives porteuses et de freiner la marche résolue du continent vers le progrès économique, social et la souveraineté.

La Covid-19, la peur de l’inconnu

L’état d’esprit né de ton avènement dans le monde suscite beaucoup d’angoisse et crée un sentiment d’inquiétude généralisé. Citoyens, leaders religieux, acteurs culturels, à travers la planète terre, tous embarrassés, ensemble implorent le Tout-puissant de les préserver de tes préjudices et de tes ravages. Face à ton expansion fulgurante, de leur côté, les dirigeants politiques sont en ordre de bataille pour une résilience économique et sociale en faveur des peuples. Sur le théâtre des opérations dans les centres de soins, le personnel médical, se débat et se bat de toutes ses forces pour te contenir et panser tous tes méfaits. Avec un engagement qui n’a jamais baissé, à chaque fois que des vies humaines étaient menacées dans ces durs moments d’incertitudes, l’on a relevé avec joie, sa présence honorable aux cotés des personnes en détresse pour leur apporter tout l’appui et l’assistance nécessaires. Toutes les communautés se souviendront encore de ce don de soi, de cette solidarité et de ce magnifique dévouement au service du bien-être du citoyen, de l’être humain tout court.

Désormais, au-delà des plans de riposte et d’urgence qui ne tentent que de parer au plus pressé dans les contextes de pandémies ou de calamités, l’Afrique se doit de s’inscrire dans une dynamique de développement durable, comme édicté par l’agenda 2030. La voie vers ce parchemin se retrouve fondamentalement dans les valeurs et capacités d’ouverture démocratique, de courage dans la conduite des reformes et de solidarité dans la discipline.

Cela pour le bien-être de son peuple d’abord et la nécessité d’occuper sa place dans le concert des continents ensuite. Ce choix s’impose par les revendications, le rythme des manifestations et le niveau des aspirations citoyennes qui amplifient assez souvent la voix du citoyen, toute situation qui commande désormais au continent la prise en main de son destin. Puisqu’étant riche de son potentiel intellectuel, culturel et les conditions essentielles justifiant le progrès, la valorisation des savoirs et savoir-faire africains, la promotion de la bonne gouvernance, la démocratie, la justice et la solidarité.

Ainsi, au plus dur moment de la crise et de la lutte contre la propagation du virus, partout dans les ateliers, du citoyen des quartiers et des villages aux chercheurs et scientifiques des universités, en passant par les acteurs de l’économie populaire, l’on a démontré le regain de la créativité et la dynamique des acteurs. Chacun dans son domaine et secteur de vie, y va de sa découverte, de sa créativité et de sa participation, si ce n’est de sa contribution aux débats scientifiques. Ces talents se sont illustrés de la plus belle manière pour donner un petit aperçu de ce que l’on pourrait attendre de l’homme Africain, surtout lorsque les circonstances l’exigent. En connaissance de cause, le peuple africain est en droit d’attendre mieux de ses dirigeants qui doivent d’avantage le persuader de leur volonté, tant sur le plan politique, dans la gouvernance démocratique que sur le soutien à la recherche, moteur d’un développement éclairé.

Cette saine émulation qui se poursuit tranquillement est à l’antipode de l’esprit concurrent du monde pharmaco-financier, où l’intérêt mercanti-néolibéral bat de toutes ses forces. C’est à ce titre que dans cette situation de menace de la pandémie où la priorité de l’heure est d’agir contre la propagation de la maladie et de ses conséquences, ailleurs, un débat polémique s’anime entre chercheurs sur l’efficacité ou pas des actes et protocoles proposés pour les traitements à base de l’Hydroxychroloquine, une molécule couramment prescrite en Afrique et/ou de son association à l’Azitromycine, qui sont mis en doute à des niveaux insoupçonnés du monde de la recherche. D’un autre côté, l’organisation Mondiale de la Santé (OMS) met en garde contre toute utilisation de l’Artémisia annua ou Covid-Organics, un produit à base de plante médicinale qui, selon les hautes autorités du pays, a prouvé son efficacité dans les soins administrés au niveau des services de prise en charge du pays, justifiant ainsi le faible taux de décès enregistré. Ces protocoles de traitement proposés, encore à leur début, semblent n’agir que sur la gravité de la maladie ou sur sa durée, en attendant d’autres découvertes pour tuer le virus agent causal.

Le volet Recherche soulève de grands enjeux stratégiques dans le domaine médical, vus les exigences de normes et les intérêts économiques néolibéraux qui s’y rattachent. Pour le continent Africain, les acquis dans ce domaine resteraient précaires tant qu’une réelle volonté politique des dirigeants ne viendrait à son appui pour lui offrir un environnement propice à la production scientifique, très exigeant en termes d’investissement et du point de vue de la qualité.

Dans l’espoir de relever vite ce pari, la sagesse commande à l’élite scientifique et financière une alliance courageuse pour la mutualisation des ressources et des moyens. A ce prix, nous aspirons à des avancées héroïques avec des résultats probants et rapides de découverte de vaccins et/ou de traitement approprié d’attaque, label Afrique. Que sur ce chemin, les africains échappent pour le moment à la logique pharmaco-financière néolibérale. Des duels pourraient intervenir de plus belle, une fois engagés dans la voie car les puissants laboratoires ou autres firmes capitalistes ne laisseraient passer sous leur nez le contrôle de marchés aussi porteurs. Par leur mode de régulation de l’offre et la demande, ils vont tenter d’édicter leur rythme et leur agenda qui feront perdurer l’incertitude des populations qui, dans l’impatience et dans l’attente, se nourrissent d’espoir.

La pandémie de Covid-19, une menace : quelle stratégie de résilience pour y faire face ?

Malgré toute la rigueur scientifique déployée, la maladie ne fléchit pas pour autant. La Covid- 19 continue de faire des pieds de nez et de se propager dans le monde, déjouant les stratégies de riposte les plus astucieuses et les plus vigilantes des puissances de ce monde. Partout dans les pays visités, le bilan en perte de vies humaines est très élevé. Des milliers de familles sont endeuillées et beaucoup d’autres sont dans la désolation et dans le désastre économique et social.

Face aux limites des protocoles de traitements médicamenteux disponibles, la communauté n’a de choix que d’intensifier les moyens de prévention pour sauver des vies. Cette stratégie de gestion d’une pandémie dans sa phase critique doit s’organiser selon les premières expériences autour de la promotion de comportements clés basés sur des gestes barrières jugés efficaces contre la propagation macabre du virus. Ces actes préconisés privilégient le lavage des mains, le port de masques, la distanciation physique et le confinement des populations. Son postulat part du principe que l’agent causal est porté d’un sujet à un autre par la voie aérienne, donc la limitation de la chaine de transmission passe par des mesures d’isolement de ces sujets porteurs. Il a été expérimenté par la Chine dans la ville de Wuhan, avec des résultats concluants. A cette fin, les gestes barrières sont intégrés dans tous les plans et stratégies nationaux de riposte et de lutte des pays, avec plus d’insistance sur la mesure du confinement. Le terme « Confinement » selon Larousse, désigne « un ensemble de précautions prises pour empêcher la dissémination de produits radioactifs dans l’environnement d’une installation nucléaire ». Pour la circonstance, c’est un acte consistant à limiter chaque état dans ses frontières intra-territoriales et astreindre les populations à rester dans les maisons, repris sous le refrain «Restez chez vous». En stricte application de la mesure, les pays s’enferment, mettant aux arrêts toutes les activités de production et les communautés réduites au silence. Il devient par ce caractère une pratique complexe qui alimente un vaste sujet de débats, de méditation et d’analyse car il ne dévoile pas tous ses aspects. Dans cet instant, il va au-delà du seul angle de sécurité, mais suscite des enjeux stratégiques de développement devant les velléités des intérêts néolibéraux toujours aux aguets pour s’emparer de toute opportunité. Les risques d’affaiblissement qui s’y rattachent appellent les consciences à une vigilance accrue, allant dans le sens de dire que la mesure n’est pas indemne de profonds secrets, que seule la postérité en révélera un jour son contenu.

La voix des acteurs populaires à la rescousse des économies des pays

Le confinement, qui prône l’idée de maintenir les états dans leur limite territoriale, d’isoler les citoyens les uns des autres, a été pour tous les pays une équation d’une grande complexité dans sa mise en pratique. Certains des pays développés l’ont expérimenté avec des résultats de sauvegarde sanitaires tangibles. Cependant, il a été la cause d’un immobilisme qui a provoqué dans ces pays une crise généralisée avec des tendances fortes sur la vie économique et sociale.

Ces situations se traduisent par un dérèglement des indices de croissance du fait de l’affaissement des ressorts et des piliers des économies. La puissante économie des Etats-Unis n’a pas été épargnée, elle est fortement touchée, ses piliers mis en difficultés et, l’Amérique, la première puissance mondiale, mène vers une récession sans précédent.

Les économies des pays en développement, essentiellement basées sur le secteur populaire, trouvent leur solidité à partir des faisceaux sociaux et des réseaux de solidarités qui existent au sein des groupes et dans les corps de métiers constitués. Les stratégies de riposte contre la covid- 19 qui fragilisent ces dynamismes par le phénomène d’isolement, amputent ces pays d’une part congrue de leur puissance et de leurs capacités de résilience. Dès lors, dans leur stratégie de recherche de réponse durable à une crise qui n’a pas révélé toutes ses facettes et n’a pas dit son dernier mot en termes de durée et d’effets, les plans de riposte à mettre en œuvre doivent suivre les logiques tenant entièrement compte des réalités et des priorités locales. A l’image de la plupart de ces pays, au Sénégal, la réaction des autorités bien que prompte et assortie de mesures audacieuses en direction de la sauvegarde de la sécurité nationale et du renforcement de la résilience économique et sociale des populations, a été suivie d’un formidable élan de mobilisation et de solidarité de la part de toutes les couches sociales de la nation, qui se sont toutes tenues debout et engagées comme un seul homme pour barrer la route à un ennemi invisible qui n’a d’égards pour personne. Mais, chemin faisant, ces filles et fils du pays, de tous bords confondus, se sont vite rendus à l’évidence que les mesures et stratégies préconisées ne le sont que par pur mimétisme des puissances économiques du nord, dont les réalités diffèrent totalement des nôtres.

Cette crise est non seulement en train d’ouvrir une nouvelle ère dans l’histoire des pays, mais aussi de redéfinir les contours de nouveaux rapports entre les citoyens. Chez beaucoup parmi les acteurs économiques et sociaux, l’usage du refrain «Restez chez-vous» est, dans leur entendement, une atteinte à leur amour-propre, un chemin épineux et préoccupant, maigre de perspectives et peu soutenable par l’économie nationale. Au rythme de la vie imposée par les circonstances de la pandémie, ces acteurs se rendent vite à l’évidence du caractère incertain de la stratégie qui comporte des risques majeurs car de jour en jour les mesures d’isolement intensifient les facteurs d’appauvrissement. Le constat est que les réserves des familles diminuent tandis que les besoins de consommation augmentent, les conditions de travail deviennent aléatoires, les ressorts de l’économie se fragilisent, avec des conséquences telles que le chômage et le sous-emploi, le stress, la déchirure des familles, la malnutrition qui est un facteur de comorbidité, pour ne citer que celles-là. Emparés par la peur, la quasi-totalité de ces acteurs économiques, considérant le chemin indiqué non conforme ni à leur idéal de production, ni à leur mode de consommation, encore moins à leur modèle économique fondé sur la responsabilité, le libre exercice des activités et la solidarité, n’y adhèrent tout simplement pas. En déphasage avec toutes idées ou pratiques qui rament à contre-courant du plein exercice des activités et de la production de ressources et revenus redistributifs, ils ont fait fortement entendre leur voix pour une application vigilante des mesures instaurées. Lesquelles mesures ne devant pas provoquer une psychose qui risque de se généraliser et de détériorer les faisceaux sociaux, avec le risque de dépression des économies déjà fragilisées par les aléas de la nature et les mesures d’austérité nées de la conjoncture, conjugaison de facteurs multiples à la fois endogènes et exogènes.

Cette volonté exprimée considérée par certains comme une levée de bouclier, n’en est pas un pour autant. Il s’agit d’une alerte et d’une revendication légitimes de travailleurs indépendants

qui aspirent à contribuer au mieux à la solidification des leviers de l’économie nationale et ne comptant nullement laisser des pans importants de l’équilibre de leur vie s’écrouler sous leurs yeux. C’est aussi des mesures de veille citoyenne, dans le sens de renforcer la place et le rôle de l’acteur populaire dans la sauvegarde de l’héritage économique qui leur revient dans la gestion citoyenne du développement national. Ce sentiment, tel que vécu, s’il n’est pas extériorisé, risque de provoquer la rupture dans les consciences et, d’une manière ou d’une autre, les mouvements citoyens populaires vont se renforcer et s’opposer farouchement au modèle imposé de gérance de la crise, qui on ne peut s’empêcher de le croire, va venir renforcer le système capitaliste néolibéral avec ses velléités d’exploitations.

En conclusion, nous demeurons persuadé, au regard de tout ce qui précède, que les organisations de la Société civile, à l’image d’enda tiers monde qui, dans le cadre de leurs missions de bâtisseurs d’alternatives pour un développement durable, doivent d’avantage s’engager à l’effort de renforcement du dialogue politique multi-acteurs. Plus qu’hier, ce rôleest aujourd’hui essentiel. Il aide au renforcement de l’esprit de dépassement des acteurs qui, sans être très opposés, manquent simplement d’un élément comme déclic pour se parler, s’unir et mutualiser les forces. Les besoins de développement de notre continent exigent le renforcement, la production et la valorisation des savoirs/connaissance. Pour arriver à cette voie royale, toutes les conditions ne seront de mise que lorsqu’elles seront accompagnées d’une réelle volonté politique de nos dirigeants.

C’est dans ce sens que de telles organisations doivent travailler d’avantage pour la création de l’émulation en faveur d’un environnement favorable pour les espaces Universitaires, véritables cadres de structuration des Sciences et développement, des Sciences et Société.

Dakar le 08/06/2020 Oumar Tandia

Directeur Exécutif d’Enda Ecopole